À l’âge respectable de 21 ans, j’ai rejoint les 20 millions* d’adultes et quelques qui vivent avec l’asthme en Amérique.
J’ai eu ma première crise d’asthme juste avant mon 21e anniversaire. À l’époque, j’habitais en Arizona et je m’entraînais pour mon premier demi-marathon.
Ayant eu à composer avec des allergies toute ma vie, je pensais que l’Arizona me donnerait un répit. Je me disais que l’air serait plus pur et que les plantes qui poussent dans le désert ne causeraient pas les mêmes problèmes que l’herbe ou le pollen des arbres. Avec du recul, les choses sont toujours parfaitement claires.
Lorsque j’étais étudiante à l’université, mes journées étaient composées de cours, de travail à temps partiel, de siestes, de temps passé avec mes amis et de course à pied — entre cinq et huit kilomètres par jour. J’adorais être active. J’avais joué au soccer dans l’équipe de l’université que je fréquentais; j’avais fait de la course sur piste et de la course de fond, et j’avais joué au soccer à l’école secondaire.
La course constituait l’échappatoire rêvée pour quelqu’un comme moi qui avait tendance à trop analyser les choses. Elle me donnait la chance de m’éclaircir les idées et de régler tous les petits problèmes de la vie quotidienne pendant que j’avançais au pas cadencé.
Mes symptômes ont fait leur apparition en 2012, vers la fin de l’hiver, alors que je rentrais tout juste de Chicago, où j’avais passé la fin de semaine chez ma grand-mère.
J’avais une inflammation des bronches qui ne guérissait pas. J’avais aussi de la difficulté à compléter des séances d’entraînement toutes simples. Après une journée passée à tousser sans arrêt, avec une douleur aiguë dans les côtes et de la difficulté à respirer, je me suis rendue dans une clinique de soins d’urgence.
Pendant que j’attendais de rencontrer le médecin dans la salle d’attente, je pouvais m’entendre râler à chaque respiration. Étais-je réellement aussi malade? Je me disais que je quitterais le cabinet du médecin avec une ordonnance d’antibiotiques, que je serais de retour sur la piste au bout de quelques jours et que je pourrais rattraper le retard que j’avais pris.
Après avoir ausculté mes poumons à l’aide de son stéthoscope, le médecin s’est montré préoccupé. Je n’oublierai jamais l’inquiétude que j’ai perçue dans sa voix. Il a réalisé rapidement une spirométrie et j’ai failli m’évanouir tant je me sentais étourdie.
J’ai dû subir le test deux fois, parce que j’étais tellement essoufflée que c’est tout juste si j’arrivais à le terminer. Lorsqu’on a palpé ma cage thoracique, j’ai éprouvé la même douleur aiguë que j’avais ressentie au sortir du lit quand je me suis tournée de côté et que je me suis penchée en avant. J’ai poussé un gémissement.
On m’a demandé d’un air sévère et incrédule si je faisais de la course. J’ai répondu que j’en avais fait mais que cette bronchite affectait réellement mon aptitude à m’entraîner.
À ce stade, je ne pouvais pas dire si c’était l’anxiété qui faisait se contracter mes poumons, ou si c’était quelque chose de pire. Il m’était difficile de respirer profondément, mais je faisais tout mon possible pour respirer régulièrement, même si je râlais encore un peu.
Le médecin a décidé de faire des radiographies pour voir s’il y avait du liquide dans mes poumons ou un problème avec mes côtes. Je suis retournée dans le cabinet du médecin après les radios, et il s’est mis en devoir de me communiquer la mauvaise nouvelle. Ma capacité pulmonaire et ma fonction globale étaient singulièrement réduites.
Il était abasourdi et ne comprenait pas pourquoi je ne l’avais pas consulté plus tôt. Il m’a fait observer que si j’avais attendu plus longtemps, j’aurais dû être hospitalisée.
Dans ma tête, je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si je pourrais continuer de m’entraîner ou pas. Il restait encore quelques mois avant le marathon. Quelques semaines de repos ne nuiraient pas à mon entraînement.
Et si c’était pire que ça et que je ne pouvais plus courir du tout? Ou même faire de l’exercice comme j’en avais l’habitude? C’était ma façon à moi de déstresser. Comment pourrais-je le supporter?
Je suis partie de la clinique avec un diagnostic de bronchite, une côte fêlée et un début d’asthme.
Enfin, je ne savais par où commencer. Mon premier geste a été de passer à la pharmacie pour y acheter l’inhalateur et les antibiotiques que m’avait prescrits le médecin, et le second a été d’entreprendre des recherches interminables sur Internet dès mon retour à la maison. Y a-t-il un risque de cancer du poumon associé à l’asthme? Peut-on courir avec de l’asthme? L’asthme peut-il être fatal?
J’ai eu plusieurs crises d’asthme depuis ce jour et, chaque fois, j’essaie de réfléchir à ce que j’aurais pu faire différemment. Ai-je oublié de prendre mon médicament? Ai-je trop présumé de mes forces? Y a-t-il des facteurs déclenchants autour de moi?
Il est impossible de viser la perfection quand on vit avec une maladie chronique, surtout s’il s’agit de l’asthme. Il y aura toujours un élément impossible à maîtriser. Même au beau milieu d’une crise, je me surprends à répéter mon mantra de course : pas, pas, respiration.
Certains jours, c’est tout ce qu’on peut faire.
* Fiche d’information disponible en anglais seulement.