Lorsque j’étais déprimé, j’avais l’impression de subir une punition. Est-ce que je l’avais méritée?
Lorsque j’étais déprimé, je m’isolais des autres. Étais-je un mauvais ami, un mauvais conjoint et un mauvais père?
Lorsque j’étais déprimé, je ne pouvais plus faire les mêmes choses qu’avant. Étais-je un bon à rien?
Lorsque j’étais déprimé, j’avais de la difficulté à avoir les idées claires. Étais-je stupide?
La dépression a le don de vous enseigner à être votre juge le plus sévère. C’est comme si vous deveniez un adepte de l’abus envers vous-même. Vous avez de la difficulté à avoir une perception équilibrée de vous-même. Et l’amour de soi peut vous sembler désespérément inaccessible.
Oui, l’amour de soi est important. Des études ont montré que faire preuve de compassion envers soi-même peut aider à réduire l’autocritique et même atténuer les symptômes de dépression.
Je me suis en quelque sorte ouvert à l’auto-compassion au cours d’une phase de rétablissement, après être parvenu à m’extirper de la dépression. Je dirais même que les bonnes journées, je m’aimais.
Mais comment ce revirement s’est-il opéré? Comment peut-on apprendre à s’aimer quand on lutte contre la dépression?
Il n’existe pas de formule universelle qui fonctionne pour tout le monde. J’ai néanmoins recensé cinq étapes qui m’ont aidé à me diriger sur la bonne voie.
Le fait de réaliser que je pouvais décider comment agir envers moi-même a été déterminant.
Durant ma dépression, j’ai passé beaucoup de temps à travailler sur mes relations avec mes amis, ma fiancée et ma famille. Je n’ai par contre pratiquement jamais cherché à améliorer ma relation avec moi-même… alors qu’il s’agissait vraisemblablement de la plus importante relation de toutes.
Je n’avais aucune idée comment améliorer mon sort, mais le fait de prendre conscience qu’il m’était possible de changer a été une percée importante.
Pour améliorer ma relation avec moi-même, l’étape suivante a consisté à jeter un regard neuf sur ce que j’avais l’habitude de me dire. Les mots que je m’adressais étaient souvent exagérés, cruels, sévères et carrément inexacts.
Je me suis posé deux nouvelles questions. Est-ce que je parlerais de cette manière à un ami? Me resterait-il des amis si je leur parlais ainsi? La réponse à ces deux questions était évidemment non.
Je savais que je ne pourrais pas éliminer l’autocritique d’un seul coup. J’ai donc décidé de commencer par un petit changement. J’ai vérifié si mon ton était aussi respectueux envers moi-même qu’envers les autres.
Parfois, lorsque je me rendais compte que j’avais une attitude désagréable envers moi-même, j’y mettais immédiatement fin. D’autres fois, j’essayais de reformuler mon autocritique. Au lieu de me dire « Je suis un incapable! », je me disais « C’est frustrant. Qu’est-ce qui pourrait m’aider à accomplir cette tâche? »
Je ne pourrai jamais être parfait. Après tout, personne ne l’est. Ce constat m’a aidé à cesser de me critiquer constamment.
J’ai pris un pas de recul et réalisé que la dépression fait partie de qui je suis. Même si c’est lourd à porter, mes faiblesses et mon histoire font de moi un être unique.
Nombreuses sont les personnes qui luttent contre la douleur émotionnelle, la douleur physique, un traumatisme ou une enfance difficile. Chacun d’entre nous est en constante évolution et a ses propres faiblesses et angles morts.
Avec cela en tête, j’ai essayé d’être plus bienveillant envers toutes les personnes qui sont dans ma vie — y compris moi-même! Je prenais ainsi un autre petit pas de plus vers l’amour de soi.
Le fait de savoir que tout le monde vit des difficultés m’a aidé à réorienter mon parcours avec la dépression. J’ai commencé à être fier des épreuves que j’ai traversées. Peut-être qu’une personne — comme moi — qui a lutté pendant des années contre la dépression mérite un peu plus de patience et même de gentillesse.
Avant, je me disais « je suis un échec » ou « je suis brisé ». Maintenant, je me dis « j’ai survécu à beaucoup de choses et je porte des marques et des blessures qui en témoignent ».
J’ai réalisé que je ne pourrais m’aimer réellement que si je changeais ma façon de penser. Mes actes démontraient-ils que je me respecte et que j’accorde la priorité à mes besoins? Qu’est-ce que je faisais concrètement pour montrer que je me souciais de mon corps et de mon esprit?
Les gestes d’amour envers soi-même varient d’une personne à l’autre. Voici des exemples de ce que j’ai personnellement commencé à faire :
En prenant ces mesures, je prouvais que je ne me contentais pas de parler d’amour de soi. Je pouvais passer de la parole aux actes.
Je sais que je suis loin d’être un expert en matière d’amour de soi. Je chute encore souvent. Mais je me relève.
Je suis maintenant convaincu que le changement est possible, même si ce n’est pas nécessairement facile. Vous pouvez toutefois réellement changer votre vie en cultivant une meilleure relation avec vous-même.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur la prise en charge de la dépression, consultez votre médecin ou votre équipe de soins de santé.