Gérer la situation actuelle de pandémie en vivant de l’anxiété

A woman in a white dress lies on her bed, reflecting on her thoughts amid the anxiety of the current coronavirus situation.
Getty Images / Tara Moore

Au Royaume-Uni, nous atteignons la fin de la quatrième semaine de confinement officiel dû à la pandémie de COVID-19. Au début du confinement, sous l’effet de la nouveauté, on s’est rué sur Netflix, les séances d’entraînement de Joe Wicks et les aliments surgelés.

Toutefois, bien des gens commencent mesurer la réalité de cette situation.

En tant que nation, nous nous retrouvons essentiellement emprisonnés. Fini le café qu’on prend pour emporter, les sorties au pub avec les amis ou les visites chez les grands-parents. Dans un avenir rapproché, nous sommes tous coincés ensemble, nos vies en suspens. De nombreux pays connaissent une situation bien pire, mais on ne peut se comparer qu’à ce qu’on connaît.

Pour les personnes qui vivent de l’anxiété, la suranalyse est le plus grand danger qui les guette durant leur isolement. L’incertitude et l’absence de structure leur laissent nettement trop de temps pour TOUT analyser et TOUT remettre en question.

Hier, par exemple, je me suis retrouvée empêtrée dans le cycle suivant :

Green Wing est une excellente série télé – c’est peut-être le métier que j’aurais dû exercer… médecin dans un hôpital. Ai-je gâché ma vie? Qu’ai-je même fait de vie? Et mon mariage, comment se porte-t-il? Dan me semble distant aujourd’hui. M’aime-t-il encore? Est-ce que je l’aime encore? Étais-je même faite pour le mariage? Ou me suis-je laissée prendre au piège des conventions à l’âge adulte? – À 18 ans, je m’imaginais adopter un enfant. Une mère monoparentale qui vit à Paris. Est-il trop tard pour déménager à Paris? Est-ce qu’on doit louer ou acheter là-bas? Pourquoi est-ce que je pense à ça maintenant? Est-ce que je suis en réalité une personne horrible qui ne l’avait juste pas réalisé? La date limite pour produire ma déclaration de revenus approche – je dois en prendre note. Ça fait peut-être des années que je ne la fais pas comme il faut. Et si le ministère du Revenu décidait de m’infliger une punition exemplaire? Comment survivrais-je en prison? Je me joindrais à quel gang? Qu’arrivera-t-il si je n’ai rien d’intéressant à dire au chef du gang lorsqu’on me le présente? Et si je me mettais à rougir ou à vomir? Je me sens malade maintenant. Mon Dieu, est-ce un symptôme de la COVID-19?

JE ME SUIS RETROUVÉE COINCÉE DANS CE SATANÉ TOURBILLON DE PENSÉES PENDANT 45 MINUTES!

Reconnaître et rediriger

Malgré toute mon expérience de l’anxiété, je tombe encore parfois entre ses griffes. Et c’est correct. Je compare ça à se cogner un orteil – ça PEUT arriver et ça arrivera INÉVITABLEMENT à de multiples reprises peu importe ce qu’on fait pour s’y préparer. Il n’y a pas de quoi avoir honte.

Cela dit, même si la suranalyse et les « tourbillons de pensées » sont naturels, ils causent aussi de la détresse et une perte d’énergie inutile. Sans compter les répercussions négatives sur l’humeur.

Mes principaux conseils pour éviter les cycles de pensées négatives :

Établir une routine

Adaptez votre horaire ou créez un nouvel horaire à la maison. Vous pouvez y inclure l’heure du lever et du coucher, une liste d’activités à faire pour la journée (activités professionnelles et loisirs) et des heures fixes pour les repas. Ne présumez pas que votre cerveau acceptera automatiquement ces changements.

Penser positivement

Lorsque vous réalisez que vous êtes pris(e) dans un tourbillon de pensées, ÉVITEZ de vous en vouloir. Dites-vous plutôt : Bon d’accord, voilà que ça recommence. Ne t’inquiète pas, c’est normal. Tu n’es pas faible ni pathétique; tu vis seulement de l’anxiété.

La colère et la critique ne font qu’alimenter la maladie mentale. Soyez bienveillant(e) envers vous-même.

Bouger

Si vous êtes couché(e) sur le sofa, levez-vous et bougez. Idéalement, passez vos mains sous l’eau froide pendant 30 secondes. Le cerveau ne peut prioriser qu’une activité à la fois; ainsi, un mouvement ou un changement de température ou de sensation soudains peuvent le réinitialiser&lui faire prendre une nouvelle direction. J’ai personnellement un faible pour les sauts avec écart (« jumping jacks »).

Se distraire

Je suis devenue légèrement obsédée par le jeu Ring Fit de Nintendo. Les jeux vidéo sont une excellente technique de distraction. Cela dit, vous pouvez opter pour toute autre forme de distraction (légale) que vous aimez. Réfléchissez à l’avance à ce qui pourrait retenir votre attention afin de pouvoir y recourir lorsque les pensées envahissantes prennent le dessus.

J’aime aussi tricoter, lire à voix haute (sérieusement, ça fonctionne) et jouer au jeu des « accents » avec Dan – le nom décrit exactement ce dont il s’agit, en passant. Vous devez choisir une phrase au hasard et la prononcer avec différents accents à tour de rôle. Et VLAN!

Se délester

Si vous demeurez pris(e) avec les mêmes pensées, couchez-les par écrit. Ne réfléchissez pas, contentez-vous d’écrire (ou utilisez votre téléphone si vous le préférez). Ça peut sembler laborieux, mais vous serez surpris(e) à quel point c’est libérateur. Imaginez-vous en train de vider un bac qui déborde. Il est plus facile de rationaliser vos pensées sur papier.

Bonne chance et soyez tous prudents. Évitez tout risque inutile et n’oubliez pas d’être bienveillants.

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