Sept façons de différencier la dépression de la tristesse

a man in a tracksuit is lying on the couch with his hand over his head
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Qu’est-ce qui ne va pas chez moi?

C’est une question fondamentale, et à l’été 1993, c’est la question que je me posais fondamentalement. J’étais jeune et en forme apparemment, mais je me sentais aussi vulnérable qu’un chaton — fatigué et complètement vidé.

Étais-je dépressif?

J’ai écarté cette possibilité, car il me semblait n’avoir aucune raison d’être dépressif. J’étais aux études et je rédigeais une dissertation sur l’histoire des États-Unis, un sujet que j’affectionnais. J’avais repris contact récemment avec ma copine du secondaire, et nous avions décidé de reprendre notre relation amoureuse et d’emménager ensemble. Ça ne tenait pas debout — comment pouvais-je être en dépression alors que tout allait si bien? J’ai donc décidé que je n’étais pas dépressif. C’était une mauvaise passe dont je me sortirais bientôt.

Mais je ne m’en suis pas sorti. Ces sentiments se sont transformés en une dépression chronique dont je ne me suis remis que quelques années plus tard.

Un des aspects les plus pernicieux de la dépression, c’est qu’elle ne s’annonce pas toujours clairement avant de s’installer chez quelqu’un. Malheureusement, il n’y a pas de frontière nette entre la morosité ordinaire et la dépression, un état clinique préoccupant.

Cela dit, il existe des signes et des indices qui aident à faire la distinction entre le sentiment de tristesse qui accompagne normalement les déceptions inévitables de la vie et les débuts d’une dépression, dont les effets sont plus néfastes. Voici quelques-uns des indices à surveiller d’après mon expérience en tant que psychologue et en tant que personne ayant souffert de dépression.

1. Apathie

Même si la dépression peut s’accompagner d’un sentiment de tristesse, les personnes dépressives ne se sentent pas tristes dans bien des cas. C’était également mon cas, du moins au début.

Plutôt que de la tristesse, je ressentais de l’apathie. Je me sentais détaché, engourdi et apathique. Ce type de souffrance, contrairement à la tristesse, donne l’impression d’être éteint et de manquer d’empathie. Dans les pires moments, si quelqu’un était venu à ma porte pour m’annoncer la mort de mon chien, j’aurais peut-être simplement haussé les épaules.

2. Absence d’explication logique

Une autre façon de distinguer la tristesse de la dépression consiste à se demander si des événements peuvent logiquement expliquer les sentiments ressentis. Se sentir triste à la suite d’une rupture amoureuse, d’une perte d’emploi ou du décès de son chien — voilà des réactions prévisibles et courantes.

Aucun motif évident ne pouvait justifier mon humeur dépressive persistante. Lorsque je regardais ma vie de manière objective en 1993, tout allait plutôt bien. J’avais de l’argent, j’étais entouré de gens qui m’aimaient et je faisais des choses qui me plaisaient. Lorsqu’aucun événement ne peut expliquer la tristesse ou que celle-ci semble exagérée ou démesurée par rapport aux événements, c’est peut-être le signe qu’une dépression est en cause.

3. Durée des symptômes

La dépression dure plus longtemps qu’une tristesse ordinaire. Se sentir triste pendant une journée ou une semaine, qu’il y ait ou non une raison, ne devrait pas vous inquiéter outre mesure. Les variations normales de l’humeur se traduisent par de bonnes et de mauvaises journées, et même de bonnes et de mauvaises semaines.

Par contre, il faut s’inquiéter si l’humeur triste et dépressive persiste pendant plusieurs semaines. Contrairement à la tristesse ordinaire, la dépression se caractérise par sa persistance dans le temps.

4. Intensité

L’intensité de la dépression diffère souvent de celle de la tristesse ordinaire. Même si cette dernière peut être bouleversante au point de nous faire pleurer, la dépression est plus susceptible d’avoir une emprise sur tout le corps et l’esprit.

En 1993, j’étais effrayé par mes émotions. Elles me semblaient plus fortes que moi et je craignais qu’elles finissent par causer ma mort d’une façon ou d’une autre. Un des aspects les plus terrifiants de la dépression, c’est qu’elle consume les personnes qui en souffrent à un tel point que ces dernières en viennent à croire qu’elles méritent de se sentir aussi mal — une croyance qui n’est pas caractéristique de la tristesse ordinaire.

En d’autres termes, vous devriez vous demander si vous ressentez plus que de la tristesse si vos émotions vous accablent ou que vous êtes obsédé(e) par l’idée que vous méritez de les ressentir.

5. Difficulté à fonctionner

La dépression entraîne aussi un profond changement dans la capacité à fonctionner. Habituellement, lorsqu’une personne est triste, elle demeure capable de travailler, d’entretenir des liens avec les autres et de s’acquitter des tâches de la vie quotidienne.

À l’inverse, les personnes dépressives ont de la difficulté à travailler. Elles tendent à éviter leurs amis et les activités sociales, et ont même de la peine à accomplir des tâches simples en apparence, comme sortir du lit, prendre une douche ou faire l’épicerie. Ce sont tous des signaux d’alarme qui donnent à penser qu’une dépression s’est installée.

6. Symptômes complexes

La dépression est aussi plus complexe que la tristesse. La tristesse est un sentiment que l’on ressent souvent après une perte, tandis que la dépression clinique est un syndrome qui comprend une variété de symptômes préoccupants. La dépression perturbe le sommeil, nuit à notre capacité de concentration et est associée à des pensées de mort ou à des idées suicidaires.

En 1993, un des plus grands indices que je ne vivais pas une tristesse normale, c’est que j’ai perdu tout appétit pendant des semaines, un autre symptôme classique de la dépression.

7. Absence de désir

La dépression entraîne une plus grosse perte de motivation qu’une simple tristesse. Lorsqu’une personne se sent simplement triste, elle peut se chercher à se réconforter en regardant un bon film, en mangeant un bon repas ou en ayant une conversation agréable. Lorsque la dépression prend racine, la personne atteinte est souvent si profondément enfoncée qu’elle ne peut et ne veut pas chercher à faire des activités plaisantes.

Cette absence de recherche du plaisir — que ce soit regarder un film, manger un repas savoureux ou passer du temps en compagnie d’amis — est appelée anhédonie, et constitue un autre signe possible de dépression.

En résumé, plus vous observez ce type de symptômes, plus vous risquez d’être en présence d’une dépression, et non d’un simple coup de cafard. Si vous croyez être en dépression ou si vous reconnaissez certains des signes décrits ci-dessus, n’hésitez pas à demander de l’aide. La dépression est une maladie grave et il existe des solutions pour vous aider à la prendre en charge. Ne souffrez pas en silence.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur le diagnostic et la prise en charge de la dépression, consultez votre médecin ou votre équipe de soins de santé.

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