Lorsque j’ai vécu mon premier épisode de dépression, j’ai ressenti de la douleur physique, ce qui a réduit ma capacité à fonctionner. J’étais désemparé. Qui plus est, lorsque j’étais déprimé, j’avais l’impression de perdre toute dignité. Ou il serait plus juste de dire que lorsque j’étais déprimé, je me dépouillais moi-même de ma dignité.
Ou peut-être que la dépression et moi étions complices : elle me chuchotait à l’oreille :
« Tu ne vaux rien. »
« Tu es un échec. »
« Tu mérites ton sort. »
Je mordais à l’hameçon et je me laissais prendre dans son filet.
Je ne croyais pas avoir droit à la dignité. Je me sentais parfois tellement mal que je voulais rester couché, mais pas sur un lit. Sur le sol, le niveau le plus bas. Avec les animaux. Comme si je n’avais pas droit au confort.
En plus de ne pas vouloir prendre une douche, je croyais que je n’en méritais pas une. Une personne aussi horrible que moi devrait sentir mauvais, n’est-ce pas? Non seulement avais-je de nombreuses pensées terribles à mon endroit, mais je présumais aussi que les autres pensaient la même chose. J’étais certain que personne ne voudrait être en ma présence. Je m’isolais donc encore davantage.
Retrouver la dignité que la dépression m’avait enlevée a été l’un des défis les plus difficiles que j’ai eu à relever dans le cadre de mon rétablissement, mais j’y suis graduellement arrivé. Même si je n’ai pas de solutions faciles à proposer et que je doute qu’il en existe, je suis certain que j’ai appris de mes erreurs.
Soyez conscient que la dépression peut altérer vos pensées
La dépression peut vous faire croire des choses irrationnelles, par exemple, que vous n’êtes qu’un animal crasseux qui ne mérite pas de prendre une douche. Lorsque cela se produit, souvenez-vous que c’est la dépression qui parle. J’ai graduellement appris à ne pas prêter attention à tout ce qu’elle me dit. Je lui ai repris un peu de ma dignité chaque fois que je trouvais moyen de coexister pacifiquement avec cette voix, qui sommeille toujours en moi d’une façon ou d’une autre.
Dans les pires moments, concevoir la dépression comme une tempête dans ma tête m’aidait parfois. J’essayais de ne pas réagir et d’éviter de prendre des décisions ayant des répercussions majeures. Je tentais de me souvenir que cette pensée ou ce sentiment passerait ou du moins, s’atténuerait en quelque sorte. Prendre conscience que je finirais par survivre à la plus violente de ces tempêtes représentait une petite avancée dans la reconquête de ma dignité; ces moments m’aidaient à voir qu’au final, j’étais plus que ma dépression.
La dépression est l’une des choses les plus difficiles à vivre. J’ai fini par apprendre que le simple fait de ne pas baisser les bras donne droit à la dignité.
Prenez soin de quelqu’un ou de quelque chose — que ce soit un chien, une plante ou un organisme de bienfaisance auquel vous faites un don. Parfois, ça me faisait du bien de parler à une autre personne que je savais aux prises, elle aussi, avec la dépression; mon estime de soi demeurait fragile, mais elle remontait un petit peu lorsque j’arrivais à aider quelqu’un d’autre.
La dépression vous arrache aussi votre dignité en s’emparant de vos aspirations. Lorsque vous êtes empêtré(e) dans le pessimisme et déstabilisé par la douleur, vos objectifs futurs s’évanouissent. Ils sont remplacés par la certitude que la détresse est votre seul destin.
Il est naturellement difficile d’avoir de la dignité quand on ne croit pas mériter un avenir. J’ai retrouvé un peu de ma dignité lorsque je me suis imaginé en train d’entreprendre une nouvelle carrière en
psychologie et en prenant de petits pas pour concrétiser ce projet d’avenir en m’inscrivant à des cours et en faisant des recherches sur les programmes de formation.
Lorsque je ne suis pas déprimé, j’ai un bon sens de l’humour. Quand je suis déprimé, pas tellement. J’ai occasionnellement trouvé moyen de faire rire les autres pendant mes épisodes de dépression. Une fois à Noël, je me suis donné comme projet de confectionner les biscuits les plus laids qui soient, puis de les offrir en blague dans une boîte cadeau. Je trouve que l’humour, même l’humour noir, est une arme puissante pour affirmer son humanité. Chaque fois qu’une chose me faisait rire, je récupérais un peu de ma dignité.
J’espère qu’en partageant brièvement quelques-unes de mes connaissances durement acquises, je pourrai aider d’autres personnes déprimées à préserver leur dignité, ou du moins à la regagner plus rapidement. Si vous vous sentez dépassé(e) et que vous songez à vous faire du mal, composez le 911. Pour obtenir du soutien et des ressources, téléphonez au service d’assistance National Suicide Prevention Lifeline au 1-800-273-8255 ou textez au 741741 pour utiliser le service de messagerie de la Crisis Text Line.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur la prise en charge de la dépression, consultez votre médecin ou votre équipe de soins de santé.