Lorsque j’étais enfant, notre maison prenait l’apparence d’un royaume hivernal féérique durant le temps des fêtes. Maman ne lésinait sur aucun moyen et Papa était l’elfe en chef. Il avait pour tâche de décorer les portes, les rampes et le manteau de la cheminée de couronnes, de guirlandes et de lumières clignotantes. Notre sapin de Noël était majestueux avec ses décorations étincelantes et ses grosses ampoules colorées.
Un feu brûlait dans la cheminée, tandis que les bas bien remplis aux formes mystérieuses nous faisaient rêver jusqu’au matin de Noël. Nous passions nos samedis à cuisiner des tonnes de biscuits en forme d’étoiles, de lunes et de cannes de bonbon remplis de chocolat, de noix et de beurre, et saupoudrés de sucre glace.
Quand j’y repense, je n’arrive pas à comprendre comment ils arrivaient à faire tout cela malgré le peu de temps et de moyens dont ils disposaient. Et pourtant, ils y parvenaient, année après année, instaurant la tradition de faire des fêtes un événement grandiose et magique.
Lorsque mes parents ont pris de l’âge et que c’est devenu trop lourd pour eux, ma sœur a repris le flambeau et décoré leur maison en y mettant sa touche personnelle. Elle s’est surpassée afin de reproduire comme ma mère la magie du temps des fêtes.
C’est pendant cette période de l’année que nous avons un jour été confrontés, le cœur brisé, au fait que nos parents ne pouvaient plus fonctionner au quotidien sans assistance. Ils ne pouvaient plus voyager de la côte Est, où ils vivaient dans un appartement pour personnes âgées, jusque chez ma sœur en Floride. Comme je vivais moi aussi sur la côte Est, je me suis immédiatement portée volontaire pour assumer le rôle d’aidante et de créatrice de magie durant le temps des fêtes.
J’ai fini par trébucher et tomber – tant comme aidante que comme elfe en chef du temps des fêtes. Je voulais tellement tout régler et que tout soit parfait. Cependant, comme tous les aidants le savent, donner des soins peut être à la fois déroutant, épuisant et effrayant. Malgré ma personnalité de type A et ma propension à vouloir tout contrôler, j’étais déstabilisée par mon rôle d’aidante. J’étais si épuisée et stressée que je ne voyais pas comment j’arriverais à recréer la féérie des fêtes.
J’étais nerveuse, me demandant comment je passerais au travers.
Étant donné que les fêtes ont la réputation d’apporter leur lot de miracles, j’ai prié pour qu’il s’en produise un. J’ai demandé de l’aide pour me guider. Comment allais-je réussir à garder la tête haute et à faire de ces festivités un moment joyeux pour nous tous, alors je me sentais perdue, triste et si fatiguée?
Le miracle est venu de ma famille, mes amis et d’autres aidants, qui m’ont tous apporté leur soutien. Je leur ai confié que je craignais que nous ne puissions plus jamais vivre d’aussi belles fêtes qu’avant, compte tenu de tous les changements qui s’étaient produits. J’ai pleuré sous le coup de l’épuisement, la tristesse et la culpabilité que je ressentais.
En retour, mon entourage a fait preuve d’amour et de gentillesse, particulièrement d’autres aidants au front comme moi, qui m’ont encouragée – énumérant toutes les choses que je réussissais avec brio et m’implorant de cesser de me rabaisser. L’aidant cherche avant tout à assurer la sécurité et le confort des personnes sous ses soins, et ce qui compte durant les fêtes, c’est l’amour, la joie et la gratitude que l’on ressent, et non l’éclat des lumières et des décorations.
C’est l’amour qui donne tout son sens au temps des fêtes.
J’avais enfin saisi. On ne peut pas revivre le passé, mais on peut en garder de bons souvenirs. Le bonheur n’est pas garanti, mais on peut le savourer pleinement quand il se présente. Nous pouvons reconnaître les moments précieux que nous vivons et les accueillir et les célébrer avec gratitude. Nous pouvons simplement être présents.
Cette année-là et celles qui ont suivi, nous nous sommes concentrés davantage sur notre amour l’un pour l’autre, et les décorations ont été reléguées au second plan. Les fois où j’ai tenté tant que bien mal d’accrocher des décorations, je le faisais avec Maman, tandis que Papa me donnait ses directives, et je crois sincèrement qu’ils prenaient un réel plaisir à m’assister. Nous avons ri et pleuré.
Ce n’est pas tant l’ampleur de ce que nous faisons qui produit l’effet le plus durable que l’intention qui nous anime. L’amour et l'appréciation ont une portée plus grande et plus profonde et nous marquent de façon plus durable. Nous oublions l’apparence des choses, mais nous nous souvenons de ce que nous avons ressenti.
Je peux dire que de tous les Noëls que j’ai vécus, je ne me suis jamais sentie aussi heureuse et reconnaissante que lors de ceux où je prenais soin de mes parents. Le simple fait que nous soyons ensemble me comblait et me procurait toute magie dont j’avais besoin. Je sais dans mon cœur qu’ils ressentaient la même chose.
Si vous êtes fatigué(e) et effrayé(e), ou inquiet(ite) et dépassé(e), souvenez-vous que vous n’êtes pas seul(e) et que vous méritez de prendre une pause et de vous imprégner d’amour durant la saison des fêtes. C’est dans ces moments-là que la magie opère.
Je vous souhaite, ainsi qu’à votre famille, un très heureux temps des fêtes. Puissiez-vous toujours en ressentir la magie.