Susanne White confie ce que tout nouvel aidant devrait savoir selon elle.
Assumer un rôle d’aidant est épeurant. Particulièrement au début. On a l’impression de se retrouver face à une grande inconnue, seul et perdu.
Bien souvent, on plonge si rapidement dans ce nouveau rôle qu’on n’est pas bien préparé pour les hauts et les bas émotionnels et les exigences physiques qu’il comporte inévitablement. On se sent rapidement épuisé et dépassé.
C’est ce qui m’est arrivé pratiquement dès que j’ai commencé à prendre soin de mes parents.
De nombreux matins, dès que j’ouvrais les yeux, ma nouvelle réalité resurgissait et je me sentais engloutie par une vague de panique. Être responsable des soins de ceux que j’aimais m’inquiétait et me faisait peur. Je voulais être parfaite, ce qui me mettait une pression énorme. Je voulais recoller tous les morceaux pour que tout soit correct. Je voulais régler tous les problèmes. Immédiatement.
Dans ma quête de contrôle absolu, j’étais de plus en plus exigeante envers moi-même – pour que tout aille mieux. Je ne savais plus où donner de la tête et je commençais à manifester des signes d’épuisement. Je croyais tout bonnement que tout irait mieux si je travaillais plus vite et plus fort, en y mettant plus de conviction.
Par contre, loin de devenir plus facile, la situation se compliquait même; et plutôt que d’être en contrôle, j’étais en pleine dérape!
J’ai lentement commencé à réaliser que j’étais complètement dans l’erreur. Je me dirigeais tout droit vers un mur. Je faisais ce que tout nouvel aidant faire typiquement. J’essayais d’être parfaite et de tout faire en même temps, sans l’aide de personne.
Une des choses les plus importantes qu’on puisse faire pour soi-même quand on prend soin d’autres personnes, c’est de prendre conscience qu’il n’est pas nécessaire de tout faire en même temps. Nous devons nous donner le temps d’apprivoiser cette nouvelle normalité étrange, étant donné qu’elle n’est pas facile à appréhender et que ses ramifications émotionnelles sont souvent inattendues et déroutantes. Tout le monde a besoin de temps pour s’adapter, y compris ceux qui reçoivent nos soins.
J’ai dû réévaluer mon plan de match. J’ai eu beaucoup de difficulté à ralentir, à faire un pas à la fois, à demander de l’aide et à arrêter de chercher à tout régler par moi-même. Néanmoins, grâce à mes efforts et en changeant petit à petit ma façon de penser et mes comportements, j’ai commencé à ressentir un soulagement. Tranquillement, je suis devenue moins exigeante envers moi-même. Je n’avais pas besoin d’être une super héroïne. Il me suffisait d’être présente, de m’adapter à mon nouveau rôle et de faire de mon mieux.
En retirant mon pied de l’accélérateur, j’ai pu respirer un peu mieux. À ma grande surprise, la Terre n’a pas cessé de tourner, mon monde ne s’est pas écroulé, et la sécurité et le bien-être de mes parents n’ont pas été compromis.
Même si je devais relever des défis et que je tâtonnais, je n’essayais plus d’être une femme-orchestre en parfait contrôle de la situation. Je nous ai donné, à moi et à mes parents, de l’espace pour respirer et nous adapter à notre vie ensemble. Je ne ressentais plus le besoin de tout faire d’un seul coup ni de tout faire par moi-même. Et il n’était certainement plus question que tout dépende de moi. Une fois que j’ai compris cela, j’étais sur la voie de devenir la meilleure aidante qui soit.
Les aidants ne reçoivent pas de médaille et n’ont pas d’objectif final. Il ne s’agit pas d’une course. Et même si c’était le cas, ce serait un marathon et non un sprint. Le désir de faire disparaître tous les désagréments et de tout régler est admirable, mais ce n’est pas réaliste. La tâche d’aidant exige que vous soyez disponible pour guider, réconforter et aider. Il faut y consacrer du temps et de l’attention, et non chercher à tout expédier ou à avoir toutes les réponses. Et ne cherchez pas un mode d’emploi, car il n’en existe pas. Nous rédigeons tous notre propre mode d’emploi au fil du temps, et ce qui fonctionne bien pour moi ne vous conviendra pas nécessairement. Un cœur rempli de bonnes intentions est gage de réussite.
Le simple fait d’être vous-même, et de faire preuve de gentillesse et de sollicitude est plus que suffisant. Vous serez dans un état de grâce qui vous donnera toute l’énergie nécessaire. Tout se déroulera exactement comme il se doit. Ayez confiance en vous et dans le processus. Aucun d’entre-nous n’est jamais tout à fait prêt à devenir un aidant, bien qu’en réalité nous y soyons prêts depuis toujours. Essayez de vous détendre. En répondant présent, vous avez déjà gagné plus de la moitié de la bataille. Et souvenez-vous que vous n’êtes pas seul(e).