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Ce n’est un secret pour personne que le cancer change tout.
Le cancer change la relation au corps.
Il change la façon dont on aborde la vie.
Il peut affecter la santé mentale.
Il nous rappelle notre mortalité.
Il perturbe notre travail.
Mais l’une des choses qu’il affecte le plus durement, ce sont les relations humaines. Aussi bien avec les amis qu’avec la famille ou un partenaire, le cancer peut faire ou défaire une relation.
On espère toujours que nos relations résisteront au stress causé par un diagnostic de maladie potentiellement mortelle. Bien sûr on se dit que nos amis seront là pour nous et que nul doute, notre partenaire demeurera à nos côtés. Pas de doute non plus que la famille nous soutiendra.
Mais la réalité n’est pas aussi simple.
En fait, d’après une recherche menée par War on Cancer, une application de réseautage social pour les patients atteints de cancer, 65 % des répondants ont affirmé qu’après qu’ils eurent reçu leur diagnostic, amis ou parents ont disparu ou coupé les ponts.
Il n’y a pas si longtemps, j’ai animé un panel (sur Zoom, because #socialdistancing) sur le cancer et l’amitié, afin de démêler certaines des plus grandes questions entourant ce sujet. On y a parlé d’à peu près tout, de l’ami qui rompt à l’anglaise à celui qui n’a de cesse de vous recommander le curcuma et le yoga comme solution à vos problèmes.
Cette expérience m’a amenée à penser aux conseils que je pourrais donner à un patient nouvellement diagnostiqué et à ses êtres chers sur la meilleure façon de maintenir une relation, et plus particulièrement une amitié, à un moment où celles-ci sont cruciales. Voici quelques conseils que j’ai trouvés çà et là durant ma bataille contre le cancer.
Pour l’une et l’autre parties, la communication est absolument essentielle. Pour le patient, il est primordial de faire connaître ses désirs et ses besoins aux amis et aux êtres chers. Il ne faut surtout pas oublier non plus que ces choses peuvent changer d’un jour à l’autre et qu’il n’y a rien de mal à cela.
Recevoir des traitements contre le cancer est une expérience traumatisante et tous les patients que je connais (et ils sont nombreux à présent) m’ont dit que pendant qu’ils étaient sous traitement, leurs besoins changeaient d’un jour à l’autre. Telle plaisanterie qui les faisait pleurer avant-hier à peine les fait rire aujourd’hui.
Il s’agit tout simplement de dire honnêtement à vos êtres chers ce que vous ressentez et d’être clair sur ce que vous attendez d’eux. Si l’on vous conseille de consommer du chou frisé et de faire du yoga pour réduire les effets secondaires de la chimio et que la seule pensée de prendre la posture de l’enfant vous donne la nausée, dites-le sur-le-champ.
Il est également très profitable de trouver des personnes qui vivent une situation semblable à la vôtre. Le soutien des pairs est l’antidote parfait à l’isolement qui survient parfois lorsqu’on reçoit un diagnostic de cancer, en particulier dans le cas des plus jeunes.
S’apercevoir qu’on est le plus jeune du groupe et que les autres ont au moins 15 ans de plus que soi peut créer un fort sentiment d’isolement. Parler avec des gens qui comprennent tout de suite ce que vous vivez peut grandement réduire le sentiment de solitude et être une source de réconfort inestimable. Il existe pour cela de nombreux organismes vers lesquels vous pouvez vous tourner, que vos questions portent sur le cancer en général ou qu’elles soient spécifiques du type de cancer dont vous souffrez ou du groupe d’âge dans lequel vous vous situez.
Si vous êtes l’ami d’une personne qui a reçu un diagnostic de cancer, souvenez-vous que l’indulgence est un élément clé. Il est important de vous rappeler qu’il arrivera que vous vous mépreniez par moments. Quant à votre ami, il pourrait parfois piquer une crise, mais la seule façon de parvenir à aimer quelqu’un qui a un diagnostic de cancer, c’est de vous pardonner de faire des erreurs et d’être indulgent envers ses débordements.
L’une des choses qui a été évoquée lors du panel que j’animais est qu’il vaut mieux s’avancer, quitte à trébucher par endroits, que de ne rien oser du tout et de disparaître de la surface de la terre. Mieux vaut dire une bêtise que de ne rien dire du tout.
Il est important aussi de prendre le temps de « sonder l’humeur » de votre ami et de tenter de comprendre ce qu’il est en train de vous dire, même si ses propos manquent de clarté.
Prendre les choses en main peut parfois être utile aussi. En particulier durant les premiers jours du diagnostic, au moment où votre ami sera si ébranlé qu’il aura du mal à se souvenir de son propre nom, sans mentionner les nombreuses tâches de la vie quotidienne. Par conséquent, si vous avez la possibilité de lui apporter à manger, de faire un saut à son domicile pour laver la vaisselle, de planifier une activité à faire un jour où il se portera bien ou juste de prendre la peine de lui envoyer un texto quotidien pour bavarder d’autre chose que le cancer, cela aura une incidence positive énorme sur son bien-être général.
La vérité, c’est qu’entretenir une relation est difficile même dans les meilleures circonstances, et encore plus lorsqu’une maladie potentiellement mortelle s’interpose. Lorsque j’étais malade, en 2015 et en 2016, les amis que j’appréciais le plus étaient ceux qui, du mieux qu’ils le pouvaient, étaient présent pour moi, encore et encore et encore.
J’aimais bien quand les gens se méprenaient parfois, quand ils disaient des bourdes ou qu’ils se sentaient mal à l’aise à cause de leur propre situation personnelle et qu’ils devaient se rétracter.
L’une des choses que je dis toujours lorsque je pense à l’incidence du cancer sur les relations humaines est que je n’avais aucune idée de la manière de composer avec ma situation; comment donc aurais-je pu m’attendre à ce qu’une autre personne sache comment s’y prendre? Nous apprenions tous au fur et à mesure; alors pour moi (comme c’est souvent le cas), la compassion était essentielle. Pour moi et pour les autres.
C’est la compassion qui fait qu’une relation entre deux personnes tient bon malgré le cancer ou se détériore. Donc si vous êtes dans la situation où l’un de vos êtres chers fait face à la maladie, ou si vous-même êtes sous traitement, soyez bienveillant, toujours.