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La dépression est une maladie qui suscite de nombreuses de questions.
Qu’est-ce qui m’arrive?
Comment y faire face?
Combien de temps ça va durer?
« Comment savoir si je vais mieux? ». C’est une question à laquelle il est plus difficile de répondre qu’il n’y paraît, mais qui demeure pressante pour de nombreuses personnes.
Ayant lutté moi-même contre la dépression, j’ai été confronté au défi d’essayer de fournir une réponse intelligente à cette question.
À première vue, il devrait être facile d’y répondre. Après tout, si vous avez sombré dans les affres de la dépression, il n’est pas difficile de remarquer une amélioration. La douleur est moins cuisante. Vous n’êtes plus cloué(e) au plancher et pouvez désormais sortir du lit et prendre une douche; vous êtes plus fonctionnel(le) au travail. En cas de doute, vous pouvez même vous donner un score en remplissant un questionnaire sur la dépression de Psych Central qui permet de déceler l’amélioration.
Mais à quel moment pouvez-vous affirmer que vous « allez mieux »? « Aller mieux », c’est bien plus qu’une simple amélioration. En ce qui me concerne, « aller mieux » voulait dire que j’observais des signes qui me confirmaient que le cauchemar tirait à sa fin, que je revenais enfin à la normale.
De mon point de vue à la fois de psychologue et de personne ayant réussi à se remettre de la dépression, il est difficile de définir « aller mieux » pour les trois principales raisons suivantes.
Premièrement, la dépression peut durer longtemps et durant cette période, elle teinte fortement notre pensée et notre comportement. La dépression nous fait perdre nos points de repère pour reconnaître une amélioration. Les personnes qui luttent pendant longtemps contre la dépression peuvent oublier ce que « normal » veut dire. Quand on est d’humeur dépressive pendant de longues périodes, le concept d’humeur normale nous devient étranger.
Lorsque la dépression dure des années, il peut être difficile de se rappeler les moments où on ne se sentait pas déprimé. C’était mon cas. Pendant ma dépression chronique, je me souviens avoir perdu contact avec la version non déprimée de moi-même. Comment pouvais-je affirmer que mon état était revenu à la normale, alors que je ne savais plus exactement comment Jon pensait ou se comportait « en temps normal »?
Deuxièmement, on ne sait pas précisément où la dépression s’arrête et où la normalité commence. Dans quelle mesure est-il normal d’être fatigué? Dans quelle mesure est-il normal d’avoir de la difficulté à se concentrer? Combien de temps une personne normale peut-elle travailler sans se fatiguer? À quel moment exactement les symptômes de dépression clinique s’immiscent-ils dans les frustrations et les déceptions quotidiennes vécues par la grande majorité des habitants de la planète? C’est ce que Sigmund Freud appelait le « malheur banal ».
Si la recherche n’a pas réussi à déterminer clairement où la normalité commence, notre langage commun brouille aussi cette frontière, puisque le terme dépression est employé sans discernement pour désigner à la fois un syndrome clinique grave et nos réactions aux difficultés et aux revers les plus mineurs.
Troisièmement, la dépression est étroitement associée aux circonstances changeantes de la vie. Elle peut être causée par un événement majeur (décès de votre conjoint[e]) ou elle peut causer un tel événement (perte d’emploi ou changement de carrière). En ce qui me concerne, durant la période où ma dépression s’est atténuée, j’ai entrepris une nouvelle carrière et fondé une famille. Chacun de ces nouveaux rôles exigeait de moi énormément de temps et d’énergie. Lorsque j’avais l’impression de ne pas être à la hauteur comme psychologue ou comme père, je n’étais jamais tout à fait certain si c’était dû à ma dépression qui persistait ou à mon manque d’expérience dans ces nouveaux rôles.
Même lorsque la dépression ne change pas complètement votre situation, elle peut teinter vos relations significatives. J’avais personnellement l’impression que la dépression était une troisième personne qui s’était invitée dans ma relation avec ma copine Laura (qui est maintenant ma conjointe). Lorsque j’omettais de sortir les ordures ou que je n’avais pas envie de faire une sortie divertissante au cours de la fin de semaine, Laura et moi ne savions jamais exactement si c’était un signe que j’étais encore aux prises avec la dépression ou bien que notre relation était en difficulté. Il est plus difficile de mesurer votre rétablissement lorsque vous n’arrivez pas à distinguer la dépression des autres circonstances de votre vie.
Il est donc difficile de répondre avec certitude à la question « Est-ce que je vais mieux? ». Mais, reconnaissons tout de même qu’une personne déprimée peut aller mieux et qu’on peut observer des signes concrets de cette amélioration. Quels sont ces signes? En voici une liste dressée à partir de ma propre expérience.
J’ai élaboré cette liste de 15 signes en observant attentivement mon processus de rétablissement et en discutant avec de nombreuses autres personnes dont l’état s’est amélioré après un épisode de dépression :
Si vous vous demandez encore si vous allez mieux, vous pouvez tenir un journal de symptômes ou demander à votre fournisseur de soins de santé de vous montrer comment suivre (et favoriser) vos progrès.
Retenez que cette liste n’est pas définitive; il s’agit d’une énumération de signes rapportés par des gens qui ont connu la dépression et qui s’en sont sortis. Si vous souhaitez entendre d’autres témoignages à propos du processus de rétablissement, consultez le site The Recovery Letters, qui publie des lettres écrites par des personnes qui se sont remises d’une dépression ou qui sont toujours aux prises avec celle-ci.