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Le cancer de la prostate, peu importe le stade ou le pronostic, change un homme. Les traitements contre le cancer de la prostate peuvent avoir un effet défavorable sur la vie amoureuse. Prise de poids, fatigue et dépression sont de graves problèmes pour de nombreux patients aux prises avec le cancer de la prostate. Mais, selon moins, rien n’est pire que la perte de l’intimité sexuelle.
En toute honnêteté, j’ai eu de la difficulté à écrire cet article. J’avais des inquiétudes quant au contenu. Je voulais que ce soit factuel. Que ce soit véridique. J’ai consulté des données cliniques et des statistiques, mais rien de cela ne m’a aidé.
Les problèmes d’intimité ne peuvent pas être expliqués au moyen de données et de statistiques. L’intimité est une affaire de coeur. J’ai donc décidé que la meilleure façon d’aider d’autres hommes serait de partager simplement mon expérience personnelle.
J’ai rencontré mon épouse six mois avant de recevoir mon diagnostic. J’étais déjà malade, mais je ne le savais pas encore.
Je suis guitariste et chanteur principal d’un groupe qui joue dans des clubs du Nord-Ouest Pacifique. Mandy était venue nous voir en spectacle au cours de la fin de semaine de mon 42e anniversaire. Nous sommes ensemble depuis.
Nous ne croyons pas au coup de foudre. Pour nous, ça s’est fait lentement, mais nous avons rapidement réalisé que nous préférions être l’un avec l’autre qu’avec toute autre personne.
Notre amitié s’est transformée en quelque chose de beaucoup plus profond. Nous sommes tombés follement amoureux. À mesure que notre amour grandissait, notre passion se développait elle aussi. Ce furent six mois idylliques.
J’en savais peu sur le cancer de la prostate, si ce n’est que mon grand-père en était atteint. Je pensais que c’était une maladie de vieux. J’ai appris de mon grand-père qu’un diagnostic de cancer de la prostate mettait fin à l’intimité physique. Mais je n’aimais m’imaginer cet aspect de la vie de mes grands-parents.
J’ai reçu un diagnostic de cancer au stade terminal en juin 2006. Mes médecins m’ont annoncé qu’il était incurable que la chirurgie et la radiothérapie n’étaient pas envisageables. La seule option possible dans mon cas était le traitement antiandrogénique, qui agit en réduisant la quantité de testostérone fabriquée par les testicules. Une baisse du taux de testostérone peut avoir plusieurs effets sur le corps, y compris des bouffées de chaleur, une prise de poids, des sautes d’humeur et une diminution de la libido.
J’aimais Mandy, mais après avoir reçu le diagnostic, je lui ai dit que nous devrions nous quitter. J’ai essayé de lui expliquer ce qui allait changer, mais elle s’en fichait. Elle m’aimait.
J’ai reçu ma première injection d’inhibiteur de la testostérone le jour de mon diagnostic. Les premiers symptômes se sont manifestés dès la première semaine. J’avais des bouffées de chaleur. Les poils sur mon torse ont commencé à chuter. Ma libido s’est étiolée. La dysfonction érectile n’était pas loin. La testostérone joue un rôle important dans le corps de l’homme. C’est grâce à cette hormone que la plupart des hommes ont des os plus gros et une masse musculaire plus importante que ceux des femmes. Elle est responsable de la pilosité faciale et de la production de sperme, et est également le moteur de la forte libido de la plupart des hommes.
Mandy et moi étions déterminés à ne pas laisser mourir notre intimité physique malgré mon diagnostic et mes traitements. Nous avons tout essayé, mais aucun des médicaments qu’on m’a prescrits n’a fonctionné dans notre cas. Il faut avoir une libido au départ pour qu’ils puissent agir.
Chaque échec que nous vivions ajoutait une brique de plus dans le mur qui s’élevait entre nous. Nous sommes arrivés au point où je n’avais même plus envie d’essayer. Notre intimité était en train de mourir.
Heureusement, nous avions connu quelques succès au cours de la première année. Ça nous a donné de l’espoir et encouragés à ne pas lâcher.
Nous nous sommes mariés une année après mon diagnostic. Mandy m’a dit que l’absence de rapports intimes ne la dérangeait pas.
Cependant, au fil du temps, elle a réalisé qu’elle se mentait à elle-même. La nuit, elle pleurait dans son sommeil. Je pouvais percevoir la souffrance dans ses yeux lorsqu’elle me regardait. Elle m’aimait, mais à l’intérieur, elle se sentait peu séduisante, non désirée et dévalorisée.
Nous avons finalement trouvé un médicament qui fonctionnait quelques années après notre mariage. Ce n’était pas une solution parfaite, mais c’était un début. Ça ne réglait que l’aspect mécanique, mais nous pouvions au moins exprimer notre amour physiquement.
C’est en 2012 que nous avons pris nos premières véritables vacances, soit six ans après mon diagnostic. Nous étions très excités à l’idée de passer sept jours ensemble dans les Caraïbes.
C’était censé être une escapade romantique. Cependant, dans l’énervement du départ, j’ai oublié d’apporter mon « carburant à fusée ».
Amanda était fâchée, mais nous avons décidé de tirer le meilleur parti de la situation.
Un soir, alors que nous marchions sur une promenade qui surplombait l’océan, je me suis senti submergé par l’amour que je ressentais pour cette femme merveilleuse. J’étais rempli de désir et nous avons passé une nuit formidable.
Mandy et moi n’avons plus besoin de médicaments, et ce, depuis sept ans.
Je n’ai pas d’explication claire de ce qui a changé cette nuit-là. Je ne peux qu’avancer des hypothèses.
J’ai fait des analyses de sang la semaine dernière. Mon taux de testostérone est indécelable. Pourtant, j’ai encore une libido et une vie sexuelle.
Voici ce que j’en pense : il y sept ans, j’ai cessé de faire une fixation et je me suis plutôt concentré sur l’amour profond que je ressens pour mon épouse. J’ai cessé de m’inquiéter à l’idée que mon corps ne réagisse pas correctement.
En nous concentrant sur notre amour émotionnel plutôt que sur l’amour physique, nous avons en quelque sorte pu vivre les deux. Et c’est ainsi depuis.
Tout n’est pas parfait entre nous. Nos rapports intimes ne se déroulent pas toujours comme nous le souhaiterions. Toutefois, l’amour que nous ressentons l’un pour l’autre compense largement. Si ça fonctionne pour nous, je suis certain que ça peut fonctionner pour d’autres couples aussi.
Il n’existe pas de solution universelle. La médication peut fonctionner chez certains hommes, alors que d’autres hommes peuvent se sentir comblés par d’autres formes d’intimité.
J’ai écrit cet article pour donner à d’autres couples l’espoir de retrouver l’intimité physique malgré le cancer de la prostate.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur la façon de composer avec un diagnostic de cancer, consultez votre médecin ou votre équipe de soins de santé.