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C’était l’été, mon mari et moi venions de nous marier, et nous avions hâte de fonder une famille.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être mère. J’ai toujours adoré les enfants, et c’est à l’amélioration de leur vie que j’ai consacré mon éducation et ma première carrière. Ces activités et ces passions m’ont fait progresser vers mon objectif de devenir mère.
Puis, on m’a diagnostiqué un cancer du sein à l’âge de 27 ans.
La vie telle que nous la connaissions a alors complètement basculé. Mon diagnostic et mon traitement imminent ont immédiatement mis en péril nos projets de fonder une famille.
Mon diagnostic m’a anéantie. Soudainement, je me suis trouvée à me battre pour ma vie, tandis que mon objectif de devenir mère, sur lequel j’avais fondé tous mes espoirs et mes valeurs, venait de s’écrouler comme un château de cartes.
Le traitement du cancer serait gérable, mais je n’arrivais pas à faire fi du chagrin associé à la perte imminente de ma fertilité.
J’ai pleuré la perte de la vie que j’avais planifiée et des rêves que je devais mettre de côté. J’étais sous le choc. Comment pouvais-je me définir sans le futur que nous avions envisagé?
Heureusement, mes médecins ont reconnu l’urgence de mes préoccupations et nous ont guidés vers des options visant à préserver ma fertilité. Nous avons choisi de congeler des embryons. Ce fut dispendieux, mais nous avons pu procéder grâce à la générosité de ma grand-mère.
Ces deux semaines d’injections d’hormones de FIV, ainsi que la récolte et la fécondation des embryons, furent un véritable enfer. Chaque jour, mon cœur s’emballait en attendant que le laboratoire appelle pour nous fournir un rapport sur nos embryons.
Je connaissais les statistiques. Je savais que nous serions chanceux si quelques embryons étaient fécondés et acceptables. Je savais aussi qu’il existait seulement une chance sur cinq de mener un bébé à terme et en bonne santé avec un seul cycle de FIV.
Mon cœur s’est brisé quand les médecins m’ont dit que seulement trois embryons étaient viables. Ces embryons représentaient le seul espoir que j’avais pour notre future famille. Mais chacun apportait aussi un sentiment de réconfort et de sécurité en vue de réaliser un jour notre rêve.
L’année suivante fut marquée par le chagrin, la tristesse, la colère et la jalousie. Toutes les femmes autour de nous semblaient aller de l’avant. Elles tombaient enceintes, avaient des bébés et faisaient des projets d’avenir. Mon mari et moi étions retenus et laissés derrière.
Même si je voulais être heureuse pour elles, c’était dévastateur. L’injustice de mon diagnostic de cancer et les bouleversements de vie subséquents ont suscité énormément de colère chez moi.
En examinant ma colère, j’ai réalisé qu’elle était enracinée dans la peur.
Qui étais-je, si je ne pouvais pas avoir d’enfants? Mon mariage durerait-il? Comment trouver un sens à ma vie, sans objectif de devenir mère pour aller de l’avant?
J’aimerais pouvoir dire que j’ai eu une révélation ou un moment magique qui m’a aidée à sortir de ce malaise, mais c’est loin d’être le cas.
J’ai constaté que j’étais prise dans le deuil de mon avenir de mère : ce que je ne pouvais pas avoir et ce qui me manquait. Je ratais des occasions de vivre et de m’épanouir.
J’ai commencé à tenir un journal régulièrement. Cela m’a aidée et j’ai continué à développer mon blogue. J’ai trouvé des façons de redonner à la communauté du cancer du sein. Et j’ai lentement repris le contrôle de ma vie.
Peu à peu, j’ai commencé à me définir comme une leader, autrice, défenseure et bâtisseuse de communauté.
C’est grâce à cette transformation que j’en suis venue à m’aimer plus profondément. J’étais tellement plus qu’une femme qui ne pouvait pas avoir d’enfant. J’étais encore utile!
J’ai peu à peu cessé de penser sans arrêt aux bébés. J’ai plutôt commencé à consacrer mon temps et mes émotions à me redécouvrir, à me rapprocher de mon mari et à nourrir mes passions. Nous avons pris le temps de voyager. Nous avons bâti deux entreprises et redéfini nos objectifs en tant que couple.
En même temps que mon évolution émotionnelle et professionnelle, j’ai également redéfini ce que signifiait la réussite pour moi. Et elle ne se limitait plus à ma capacité à devenir mère.
Je voulais encore une famille, mais j’ai commencé à voir l’avenir de façon très différente.
Peut-être faudrait-il de nombreuses années. Peut-être ferions-nous appel à l’adoption. Peut-être aurions-nous recours à une mère porteuse. Je savais que je serais mère un jour, même si ce n’était pas comme je l’avais imaginé au départ.
Je me sentais vraiment heureuse et comblée pendant de nombreuses années, sans que la maternité soit au premier plan.
Aujourd’hui, je suis assise à repenser à ces quatre dernières années de prospérité, d’attente et de croissance... alors que je viens, cette année, de donner naissance à un fils en bonne santé.
Le parcours jusqu’ici fut long et parsemé de douleur, de deux fausses couches et d’innombrables obstacles. Je sais maintenant que je serai une meilleure mère en raison de ce que j’ai vécu.
Je ne me définis plus par ma capacité à porter ou à élever un enfant.
En réfléchissant à mon cheminement en vue de planifier une famille après avoir vécu avec une condition qui a tellement changé ma vie, je vous propose quelques stratégies d’adaptation qui, je l’espère, aideront d’autres personnes dans la même situation.
Je suis une femme plus forte et plus confiante après avoir survécu au cancer. J’ai eu un impact de plusieurs façons sur le monde autour de moi. La maternité est un autre mot merveilleux que je peux ajouter à ce qui me définit comme femme.